Propriétaire : Peut-il résilier un bail locatif ? Explications et droits du locataire

Propriétaire et locataire discutant du contrat de location dans une cuisine

1,6 million de locataires reçoivent chaque année un congé de leur propriétaire, mais la plupart ignorent que la loi, loin de favoriser le bailleur, verrouille la résiliation du bail jusqu’au dernier détail.

Résiliation d’un bail par le propriétaire : ce que dit la loi

Le propriétaire qui envisage de mettre fin à un bail d’habitation doit s’en tenir à un cadre légal précis, sans marge de manœuvre. La loi du 6 juillet 1989, socle de la location vide à usage de résidence principale, fixe les règles du jeu : une fin de contrat ne peut intervenir qu’en présence de motifs expressément prévus.

La loi énumère trois situations qui autorisent le bailleur à effectuer une résiliation du bail à l’échéance :

  • Reprendre le logement pour y vivre, ou y loger un membre de sa famille proche
  • Vendre le logement
  • Faire face à un manquement du locataire à ses obligations (impayés de loyer, troubles de voisinage, etc.)

Des règles strictes s’appliquent à la procédure. Pour un bail d’habitation classique, le préavis exigé est de six mois avant la date d’échéance. La notification s’effectue par lettre recommandée avec accusé de réception, acte d’un commissaire de justice ou remise en main propre contre signature. Pour une location meublée, le délai est ramené à trois mois.

Si le congé n’est pas délivré dans les temps et selon les modalités prévues, le bail de location est automatiquement reconduit. Toute tentative de résiliation hors des clous expose le propriétaire à une annulation de la procédure par le juge. Les intentions doivent être claires, justifiées et vérifiables. Lors d’un congé pour vente, le locataire bénéficie d’un droit de préemption : il peut acheter le logement en priorité, au prix et aux conditions fixés par le propriétaire. Tant que chaque étape n’est pas respectée, le locataire reste protégé dans son logement.

Dans quels cas le bailleur peut-il donner congé à son locataire ?

La possibilité pour un propriétaire de donner congé au locataire ne relève jamais d’un simple choix personnel. Seuls trois motifs, soigneusement encadrés, sont admis :

  • La reprise pour habiter : congé donné afin d’occuper le logement ou d’y loger un proche (conjoint, partenaire de PACS, ascendant ou descendant, ou ceux du conjoint). Cette volonté doit être authentique, et la lettre de congé doit la mentionner explicitement.
  • La vente du bien : ici, le bailleur souhaite vendre le logement. Le locataire dispose alors d’un droit de préemption. Cela signifie qu’il a la priorité pour acheter, aux conditions fixées dans l’offre de vente jointe à la lettre de congé.
  • Le motif légitime et sérieux : retards ou impayés de loyer, nuisances, manquement aux engagements du bail. Chaque situation doit être prouvée, et en cas de litige, seul le juge peut trancher.

Le bailleur doit respecter le calendrier légal : notifier sa décision avant la date d’échéance du bail, en respectant les délais (six mois pour une location vide, trois mois pour un meublé). La démarche passe obligatoirement par un écrit formel : lettre recommandée ou acte d’un commissaire de justice. Si le motif n’est pas reconnu, le congé peut être annulé, et le bail se poursuit. Cette rigueur formelle protège le locataire contre toute action arbitraire du propriétaire.

Délais et formalités : comprendre les étapes de la procédure

Impossible d’improviser une procédure de résiliation de bail par le propriétaire : chaque étape doit suivre un calendrier légal précis. Dès l’instant où le bailleur envisage la fin du contrat de location, il doit respecter un délai de préavis : six mois pour une location vide, trois mois pour un logement meublé. Le compte à rebours débute à la date de réception effective du congé par le locataire.

La démarche ne tolère aucune approximation. Le congé doit être transmis par l’une des voies suivantes :

  • Lettre recommandée avec avis de réception
  • Acte remis par un commissaire de justice (anciennement huissier)
  • Remise en main propre contre signature ou récépissé

Le courrier doit mentionner le motif, la date de fin du bail et, en cas de vente, détailler l’offre d’achat. Une erreur sur la date d’échéance, un motif absent, un délai non respecté : et la procédure tombe à l’eau. Chaque mention revêt donc une importance capitale.

Le locataire conserve la liberté de quitter le logement à tout moment pendant le préavis. Il doit simplement prévenir le propriétaire par écrit, en respectant le délai réduit (un mois pour un logement vide, sauf exceptions). L’articulation de ces délais structure la fin du bail de location et garantit la sérénité de la transition.

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Les droits du locataire face à une résiliation initiée par le propriétaire

Lorsqu’un bailleur engage une résiliation du bail, le locataire ne se retrouve pas sans ressources. Les textes protègent ses droits à chaque étape. D’abord, il faut que le congé repose sur un motif légalement admis, qu’il s’agisse d’une vente du logement ou d’un motif légitime et sérieux. Sans motif valable, la démarche peut être contestée.

Le droit au maintien dans les lieux reste une garantie centrale. Si le locataire considère que le congé est infondé, il peut saisir la commission départementale de conciliation ou porter l’affaire devant le tribunal. Cette démarche suspend la procédure et permet de confronter les arguments des deux parties. La justice peut alors trancher et, si besoin, annuler la résiliation.

Pour un congé pour vente, le locataire peut faire valoir son droit de préemption : il dispose de deux mois pour accepter ou refuser l’achat du bien dans les conditions proposées. Ce droit concerne uniquement les logements loués vides à titre de résidence principale.

La question du relogement revient souvent : sauf cas particuliers (locataires âgés ou malades protégés par la loi), le bailleur n’a pas à proposer de solution de remplacement. Quant au dépôt de garantie, il doit être restitué intégralement si l’état des lieux de sortie ne révèle pas de dégradation et si le locataire a respecté ses engagements.

La procédure, bien menée, permet au locataire de faire valoir ses droits, d’obtenir réparation en cas de préjudice ou de s’opposer à une résiliation injustifiée. Ici, la loi ne laisse aucune place à l’arbitraire.

Le bail locatif, ce n’est pas un simple bout de papier : c’est un rempart, une promesse de sécurité encadrée par la loi. Propriétaires, locataires : chacun avance sur un fil, mais la règle est claire, et le moindre faux pas a des conséquences. Reste à chaque acteur de s’en souvenir au moment d’envoyer, ou de recevoir, ce fameux courrier.

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